« Gagner la guerre » de Jean-Philippe Jaworski

Grand amateur de fantasy, la plupart de mes lectures sont généralement en anglais. « Gagner la guerre » de Jean-Philippe Jaworski trônait dans ma pile (virtuelle) de lecture depuis un moment, auréolé par ses excellentes critiques et la perspective de lire une œuvre de fantasy en français. Il y était accompagné de « Janua Vera », le recueil de nouvelles dans le même univers précédent le roman.

Jaworski n'a pas usurpé sa réputation d'excellent auteur, son texte est incroyablement bien écrit. Le style et le rythme sont remarquables et je me suis plusieurs fois surpris à relire certains passages rien que pour le plaisir d'en profiter une seconde fois. Le vocabulaire est également extrêmement riche; c'est bien simple, j'ai dû plus souvent utiliser la fonction dictionnaire de ma liseuse que lors de mes lectures en anglais !

L'univers, si bien introduit dans « Janua Vera », est toujours aussi cohérent et plaisant à découvrir. Ce mélange de pseudo-réalisme historique, la ville principale savant mélange de Florence et de Rome antique, saupoudré de magie et de fantasy fonctionne à merveille.

Toutes ces belles qualités sont malheureusement ternies par un propos extrêmement viriliste et des personnages féminins quasi inexistants. On retombe de plain pieds dans les critiques et clichés souvent associés au genre et c'est bien dommage. Cela m'a d'autant plus marqué après les nombreuses œuvres de Brandon Sanderson et Robin Hobb que j'ai lues récemment et qui ont démontré avec brio qu'on pouvait écrire de l'excellente fantasy avec des personnages féminins forts et intéressants. J'ai un peu le même arrière-goût qu'après la lecture de « La Horde du Contrevent » qui tombait dans les mêmes travers, bien que de façon moins marquée. Cela donne l'impression que la fantasy française est restée bloquée au siècle passé et n'arrive pas à sortir des stéréotypes de genre qui ont trop longtemps collés à ce style littéraire.

Du coup si vous avez des recommandations d'auteurs·rices francophones qui arrivent à éviter ces écueils je suis preneur.